LA PEUR

 𝗘𝘁 𝘀𝗶 𝘃𝗼𝘁𝗿𝗲 𝗽𝗲𝘂𝗿 𝗻'𝗲́𝘁𝗮𝗶𝘁 𝗾𝘂'𝘂𝗻𝗲 𝗵𝗶𝘀𝘁𝗼𝗶𝗿𝗲... 𝗾𝘂𝗲 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗽𝗼𝘂𝘃𝗲𝘇 𝗿𝗲́𝗲́𝗰𝗿𝗶𝗿𝗲?

𝘾𝙝𝙖𝙣𝙜𝙚𝙧 𝙙𝙚 𝙧𝙚𝙜𝙖𝙧𝙙 𝙨𝙪𝙧 𝙪𝙣 𝙥𝙧𝙤𝙗𝙡𝙚̀𝙢𝙚 𝙚𝙨𝙩 𝙥𝙖𝙧𝙛𝙤𝙞𝙨 𝙨𝙪𝙛𝙛𝙞𝙨𝙖𝙣𝙩 𝙥𝙤𝙪𝙧 𝙡𝙚 𝙙𝙚́𝙥𝙖𝙨𝙨𝙚𝙧.

Sophie m’appelle en urgence, la voix tremblante : "𝘑𝘦 𝘥𝘰𝘪𝘴 𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘭’𝘢𝘷𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘥𝘦𝘶𝘹 𝘴𝘦𝘮𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘫’𝘢𝘪 𝘶𝘯𝘦 𝙥𝙝𝙤𝙗𝙞𝙚 𝙙𝙚 𝙡’𝙖𝙫𝙞𝙤𝙣. 𝘑𝘦 𝘯𝘦 𝘱𝘦𝘶𝘹 𝘱𝘢𝘴 𝘢𝘯𝘯𝘶𝘭𝘦𝘳 𝘤𝘦 𝘷𝘰𝘺𝘢𝘨𝘦, 𝘤’𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘦𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯𝘯𝘦𝘭."
Les délais sont serrés, pas le droit à l’erreur. Mais j’aime les défis. Je lui propose un rendez-vous, sans promettre quoi que ce soit.
Le jour J, elle m’explique son itinéraire : un vol pour Oslo, puis un petit bimoteur pour rejoindre une île isolée au nord de la Norvège. Sa détresse est palpable. Pas le temps de creuser l’origine de sa phobie, ni d’explorer ses mécanismes. Alors, j’écoute. Activement. Profondément.
Je reformule ses émotions : "Si je comprends bien, plus les jours passent, plus la panique monte, c’est ça ?" Elle hoche la tête, soulagée d’être entendue. Pas seulement dans son problème, mais en tant que personne.

𝗝𝗲 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗲 𝗲𝗻 𝗺𝗼𝗱𝗲 𝘀𝗼𝗹𝘂𝘁𝗶𝗼𝗻*. Je lui demande de me parler d’elle : une femme divorcée, mère de deux enfants. "Qui va prendre soin d’eux pendant que vous serez absente ?" "Mes parents," répond-elle.
Je lance alors : "Je suppose que vous aimeriez que vos enfants puissent vous accompagner, n’est-ce pas ?" Elle acquiesce. "Qu’allez-vous leur ramener comme souvenirs ?" Son regard se perd quelques secondes… "Des peluches d’ours polaire, ou des jouets en bois," répond-elle.
Je poursuis : "Et pour vos parents, qui auront gardé les enfants ?" "Une spécialité locale, quelque chose qu’on ne trouve pas en France…" Nous passons le reste de la séance à lister ce qu’elle va ramener : souvenirs, photos, expériences.
À la fin, je lui demande comment elle se sent. "Bien… Je sais que ça va bien se passer. C’est même excitant d’y aller." Je lui demande de m’envoyer un SMS à son retour.

𝗨𝗻𝗲 𝘀𝗲𝘂𝗹𝗲 𝘀𝗲́𝗮𝗻𝗰𝗲. 𝗣𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗰̧𝗮 𝗮 𝗺𝗮𝗿𝗰𝗵𝗲́ ? Parce que mes questions présupposaient que son voyage se passerait bien et qu’elle reviendrait en sécurité alors qu'elle ne pouvait même pas imaginer un aller simple dans sa tête…

Je ne sais toujours pas ce qui a causé sa phobie. Et ce n’est pas grave. 𝗣𝗮𝗿𝗳𝗼𝗶𝘀, 𝗹𝗮 𝘀𝗼𝗹𝘂𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗻’𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗿𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲 𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗼𝗯𝗹𝗲̀𝗺𝗲, 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗼𝘂𝗿𝗻𝗲𝗿.

𝙀𝙩 𝙫𝙤𝙪𝙨, 𝙦𝙪𝙚𝙡 𝙥𝙧𝙤𝙗𝙡𝙚̀𝙢𝙚 𝙥𝙤𝙪𝙧𝙧𝙞𝙚𝙯-𝙫𝙤𝙪𝙨 𝙘𝙤𝙣𝙩𝙤𝙪𝙧𝙣𝙚𝙧 𝙖𝙪𝙟𝙤𝙪𝙧𝙙’𝙝𝙪𝙞 ?

*𝘈𝘷𝘦𝘳𝘵𝘪𝘴𝘴𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵: 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘵𝘦𝘤𝘩𝘯𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘦́𝘤𝘦𝘴𝘴𝘪𝘵𝘦 𝘥'𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘮𝘢𝘪̂𝘵𝘳𝘪𝘴𝘦́𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘧𝘰𝘯𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯𝘯𝘦𝘳.

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